L’imagerie médicale moderne, bien qu’indispensable au diagnostic de nombreuses pathologies, n’est pas sans risque. Une recherche récente soulève des préoccupations importantes concernant l’exposition aux rayonnements lors des examens par tomodensitométrie, couramment appelés scanners. Cette étude d’envergure questionne l’équilibre délicat entre nécessité médicale et précaution sanitaire.
Une étude américaine alarmante sur les risques des scanners
Une recherche menée par l’Université de Californie à San Francisco et soutenue financièrement par les National Institutes of Health révèle des données préoccupantes. Selon ces travaux, les scanners pourraient être à l’origine d’environ 5% des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé un volume considérable de données : 93 millions d’examens de tomodensitométrie réalisés sur 61,5 millions de patients américains au cours de l’année 2023.
Les populations les plus touchées
L’étude identifie clairement les groupes démographiques présentant le plus grand nombre de cancers potentiellement induits par ces rayonnements :
Les adultes entre 50 et 59 ans apparaissent comme les plus vulnérables, avec une projection de 10 400 cas chez les femmes et 9 300 chez les hommes.
De façon particulièrement alarmante, les risques les plus élevés concernent les personnes ayant subi un scanner avant leur premier anniversaire.
Les cancers principalement associés
Chez les patients adultes, les cancers les plus fréquemment suspectés d’être liés aux examens par scanner sont :
– Le cancer du poumon
– Le cancer colorectal
– La leucémie
– Le cancer de la vessie
– Le cancer du sein
Pour la population pédiatrique, le tableau diffère quelque peu, avec une prédominance des cancers de la thyroïde, du poumon et du sein.
Des limites méthodologiques pointées par les experts
Cette étude, malgré son ampleur, ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Ivan Pourmir, chercheur en oncologie, exprime plusieurs réserves méthodologiques.
La nature observationnelle de l’étude constitue sa principale faiblesse, selon le spécialiste. Elle établirait une simple coïncidence plutôt qu’un véritable lien de cause à effet.
« Les contextes des patients sont différents et il est difficile de tirer des conclusions définitives« , souligne-t-il. Le chercheur évoque également un important « facteur de confusion » : les scanners sont fréquemment utilisés précisément pour diagnostiquer des cancers, ce qui pourrait biaiser les résultats.
La balance bénéfice-risque : critère décisionnel essentiel
Malgré ces divergences d’analyse, un consensus émerge tant de l’étude que des commentaires d’experts : l’importance d’évaluer soigneusement la balance entre bénéfices et risques avant de prescrire un scanner.
Le Dr Pourmir précise cette position : « S’il s’agit d’une situation où la personne attend beaucoup de ce scanner, parce qu’il pourra permettre un diagnostic très utile et ensuite traiter ou prévenir une maladie très grave, le calcul est facilement fait, ça vaut le coup de faire le scanner quand même« .
À l’inverse, il met en garde contre les examens insuffisamment justifiés : « Inversement si l’indication du scanner, c’est-à-dire le diagnostic qu’on cherche à faire, le dépistage, repose sur des arguments très légers, et qu’il y a peu de chances que ça apporte quelque chose au patient, et bien, là, on peut se dire, oui, attention, il est possible que la balance entre le bénéfice et le risque devienne défavorable« .
La prudence doit donc prévaloir : un scanner ne devrait jamais être réalisé sans indication médicale clairement établie.