La situation devient alarmante dans les pharmacies françaises. Une pénurie sans précédent touche de nombreux médicaments essentiels, avec une aggravation particulièrement inquiétante concernant les traitements psychiatriques. Cette crise, qui s’intensifie année après année, plonge patients et soignants dans une incertitude thérapeutique aux conséquences potentiellement graves.
L’explosion des ruptures d’approvisionnement
Le phénomène des pénuries médicamenteuses prend une ampleur inédite sur le territoire national. En 2023, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a recensé près de 5000 médicaments en situation critique, qu’il s’agisse de « ruptures de stock » complètes ou de « tensions d’approvisionnement » sévères.
Cette statistique représente une hausse alarmante de 30% par rapport à l’année précédente, confirmant une tendance à la dégradation continue.
Les catégories thérapeutiques les plus touchées concernent les antibiotiques, mais également les traitements destinés aux systèmes respiratoire, cardiovasculaire et digestif.
La santé mentale particulièrement affectée
Depuis le début de l’année 2025, la situation s’avère particulièrement critique pour les médicaments psychiatriques. Pas moins de 14 psychotropes considérés comme essentiels font l’objet de graves difficultés d’approvisionnement, voire sont totalement indisponibles.
Le cas préoccupant de la venlafaxine
Parmi les médicaments en rupture, la venlafaxine (commercialisée notamment sous le nom Effexor®) suscite une inquiétude majeure. Cet antidépresseur, prescrit à environ 950 000 patients en France, est devenu quasiment introuvable dans de nombreuses pharmacies.
Les pénuries affectent principalement les formulations à libération prolongée (LP) aux dosages de 37,5 mg, 75 mg et 50 mg délivrés en ville. Pour mesurer l’importance de ce traitement, il faut savoir que près de 11 millions de boîtes de venlafaxine ont été distribuées en 2024.
Face à cette situation, l’ANSM a pris des mesures d’urgence : interdiction d’exportation et mise en place d’une distribution contingentée. Malgré ces initiatives, un retour à la normale n’est pas envisagé avant septembre 2025.
D’autres médicaments psychiatriques manquent à l’appel
La venlafaxine n’est malheureusement pas un cas isolé. D’autres traitements essentiels pour la santé mentale sont également concernés par ces ruptures d’approvisionnement :
– La sertraline (Zoloft® et ses génériques), un antidépresseur largement prescrit
– Le Teralithe LP 400mg, un sel de lithium indispensable pour stabiliser les troubles bipolaires
– La quétiapine, molécule cruciale dans le traitement de la schizophrénie et des troubles bipolaires
Un appel à l’action face à l’indifférence
Cette situation provoque une véritable détresse chez les professionnels de santé. Psychiatres, pharmaciens et infirmiers se disent collectivement « désemparés » face à l’impossibilité de garantir la continuité des soins pour leurs patients.
Alors que les autorités sanitaires cherchent des solutions, la question de la priorisation des traitements psychiatriques dans les stratégies nationales d’approvisionnement se pose avec une acuité nouvelle.