Ils sont souvent cachés dans nos chaussures, parfois négligés ou simplement considérés pour leur aspect esthétique. Pourtant, les ongles de nos pieds peuvent être de véritables sentinelles, alertant sur des dysfonctionnements parfois graves de notre organisme. Décoloration, épaississement, stries ou décollement – ces manifestations apparemment anodines peuvent révéler des troubles organiques insoupçonnés et méritent toute notre attention.
Quand l’ongle devient miroir de notre santé intérieure
Avant de s’alarmer face à une anomalie unguéale, il convient d’écarter les causes locales comme les mycoses, un chaussage inadapté ou des pathologies spécifiques de l’ongle telles que le psoriasis.
Si aucune explication locale n’est trouvée, ces modifications peuvent alors être le signal d’un problème plus profond. Toute coloration ou strie inhabituelle doit être signalée lors d’une consultation médicale, car elle pourrait refléter un déséquilibre organique majeur.
Le podologue, spécialiste du pied, joue un rôle crucial dans la détection précoce de ces anomalies. Sa vigilance permet souvent d’orienter vers un diagnostic plus global.
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Signes d’alerte rénaux et thyroïdiens
L’insuffisance rénale chronique peut se manifester par ce que les spécialistes nomment l' »ongle de Lindsay » – une décoloration caractéristique présentant une partie proximale blanche et une zone distale rougeâtre ou brunâtre.
Du côté de la thyroïde, les dysfonctionnements se traduisent différemment selon leur nature. L’hyperthyroïdie peut provoquer un épaississement et un durcissement des ongles, tandis que l’hypothyroïdie les rend plus fragiles et cassants, conséquence d’un ralentissement de leur croissance. L’onycholyse, ce décollement de l’ongle, constitue parfois un signe précoce d’hyperthyroïdie.
Le foie s’exprime par vos ongles
Les pathologies hépatiques s’accompagnent souvent d’une vulnérabilité accrue aux mycoses unguéales, résultat d’une dysbiose intestinale.
Les « ongles de Terry », reconnaissables à leur pâleur et à l’absence de lunule, peuvent signaler une cirrhose ou une insuffisance cardiaque. La leuconychie, caractérisée par des ongles entièrement blancs, s’observe fréquemment dans les maladies hépatiques chroniques.
Une étude scientifique a d’ailleurs confirmé que les infections unguéales sont significativement plus fréquentes chez les patients atteints de cirrhose du foie ou d’infections par les virus des hépatites B et C.
D’autres manifestations comme les stries longitudinales, l’onychorrhexie, l’hippocratisme digital ou la mélanonychie longitudinale peuvent également témoigner de troubles hépatiques.
Carences et maladies métaboliques dévoilées
Anémie et diabète : des signes distinctifs
La koïlonychie, cet aspect concave en forme de cuillère, constitue un indicateur classique d’une carence en fer. Cette déformation particulière doit alerter sur une possible anémie ferriprive nécessitant une prise en charge.
Les personnes diabétiques présentent quant à elles une prédisposition aux infections fongiques des ongles. L’onychomycose touche plus fréquemment les patients diabétiques, tout comme les modifications d’aspect telles que l’épaississement ou la décoloration.
Le système cardiovasculaire sous surveillance
L’épaississement et la fragilité unguéale peuvent être révélateurs d’un problème cardiaque sous-jacent. Plus spécifiquement, l’hippocratisme digital – cet élargissement de l’extrémité des doigts accompagné d’une courbure accentuée des ongles – peut signaler une hypoxémie, soit un taux d’oxygène sanguin insuffisant.
Cette manifestation constitue un signe d’alerte important qui justifie une exploration cardiovasculaire approfondie, particulièrement en l’absence d’autres symptômes évidents.