Longtemps vantées pour leur rôle dans la construction musculaire et la perte de poids, les protéines sont devenues omniprésentes dans nos régimes modernes. Mais derrière cette réputation flatteuse, des chercheurs alertent : un excès de protéines, notamment animales, pourrait nuire à notre santé cardiovasculaire. Et ce danger se cache parfois… dans nos assiettes de tous les jours.
Une consommation qui dépasse largement les besoins
Difficile d’y échapper. Les protéines se trouvent dans presque tous les repas : viandes, poissons, œufs, produits laitiers, mais aussi céréales, légumineuses et substituts enrichis. Résultat : plus de 85 % des Français consomment plus que les apports recommandés, et 25 % doublent même les doses nécessaires.
Cette abondance s’explique aussi par le succès croissant des produits enrichis en protéines : yaourts « fitness », shakes protéinés, barres nutritionnelles, très prisés dans les cercles sportifs… mais adoptés aussi par le grand public.
Une alerte lancée par la recherche cardiovasculaire
C’est début 2024 que le Dr Martin Juneau, cardiologue reconnu, a jeté un pavé dans la mare avec une publication inquiétante. Appuyée par une étude américaine, elle explore l’impact d’un excès de protéines sur le système immunitaire et les artères.
Cette recherche conjointe, menée sur des souris et des humains, révèle que certaines protéines – et en particulier la leucine, un acide aminé présent en grande quantité dans les protéines animales – activent une voie biologique appelée mTOR, connue pour stimuler la croissance cellulaire.
Quand le corps s’enflamme après un simple repas
Le vrai problème, selon l’étude, réside dans la suractivation des macrophages, des cellules immunitaires. Cette surstimulation crée une réaction inflammatoire qui favorise la formation de plaques d’athérosclérose, ces dépôts qui bouchent peu à peu les artères.
Un chiffre-clé ressort : Un repas contenant plus de 25 g de protéines animales suffit à déclencher ce mécanisme inflammatoire , souligne l’équipe scientifique. Si cette réaction devient chronique, le risque d’accident cardiovasculaire grimpe en flèche.
Repenser notre rapport aux protéines
Face à ces données, les recommandations officielles reprennent tout leur sens. L’Anses fixe l’apport conseillé à 0,8 g de protéines par kilo de poids corporel par jour. Les sportifs ou seniors peuvent aller jusqu’à 1,4 ou 1,5 g/kg/jour, mais au-delà, le risque devient tangible.
Deux conseils simples pour réduire le risque
Heureusement, inutile de bannir les protéines de son alimentation. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre :
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Répartir les apports protéiques sur la journée, au lieu de surcharger un seul repas.
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Varier les sources : associer protéines végétales (lentilles, pois chiches, céréales complètes) aux sources animales, permet de limiter les excès de leucine.
En adoptant ces réflexes, on peut concilier forme physique et santé cardiovasculaire, sans céder aux excès du marketing nutritionnel.