Chaque année, 17.000 Français meurent d’un cancer colorectal. En quoi le test de dépistage sauve des vies ? Est-il gratuit ? Est-ce douloureux ? Le Pr Jean-François Seitz, médecin oncologue à Marseille, et le Pr Sylvain Manfredi, hépato-gastroentérologue et oncologue, répondent à nos questions.
Pourquoi est-ce important de faire le test de dépistage du cancer colorectal ?
Pr Jean-François Seitz.- Le dépistage du cancer colorectal sauve des vies ! Grâce au test, nous pouvons repérer des lésions précancéreuses et les enlever rapidement au cours d’une coloscopie. A chaque fois que l’on retire une lésion précancéreuse, on évite un cancer dans les 10 ans à venir !
Pr. Sylvain Manfredi.- Depuis la crise sanitaire et les confinements, les Français prennent davantage soin de leur santé. Le dépistage du cancer colorectal en fait partie. C’est une habitude à prendre tous les deux ans. Une lésion dépistée tôt, c’est une lésion guérie !
Qui reçoit l’invitation au test de dépistage du cancer colorectal ?
Pr. Manfredi. – Le dépistage du cancer colorectal s’adresse aux femmes et hommes âgés de 50 à 74 ans. En effet, l’incidence de ce cancer augmente à partir de 45/50 ans. Ce test est gratuit, pris en charge à 100 % par l’Assurance-maladie.
Qui participe à ce test ?
Pr. Manfredi. – La participation est de plus en plus importante en France et c’est une bonne chose. Néanmoins seulement 30 % des personnes qui reçoivent l’invitation font le test de dépistage. L’idéal serait d’atteindre au moins 45 % de participation (et si possible 65%). On remarque que les femmes participent légèrement plus que les hommes. Peut-être parce qu’elles ont davantage l’habitude des dépistages puisqu’elles sont invitées au dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus.
Comment fonctionne ce test de dépistage ?
Pr Seitz.-Vous recevez une invitation par courrier qui vous invite à vous rapprocher de votre médecin traitant pour retirer un test de dépistage. Depuis le 1er mars de cette année, vous pouvez aussi commander le test en ligne. Il suffit ensuite de prélever un échantillon en plantant un bâtonnet dans ses selles. Enfin, vous renvoyez l’échantillon au laboratoire central d’analyse dont l’adresse est indiquée sur l’enveloppe T. Ce test est facile, rapide et indolore.
Quel est le pourcentage de tests positifs ?
Pr Seitz – 4% des tests sont positifs. Même si le test est positif, cela ne signifie pas que vous avez un cancer. Cela indique qu’un saignement microscopique a été détecté au moment du test. Il faut alors impérativement passer une coloscopie. Celle-ci le plus souvent (dans 50% des cas) va retrouver une lésion précancéreuse (un polype ou adénome). L’ablation sous coloscopie évitera l’apparition ultérieure d’un cancer. Dans 7% des cas la coloscopie va retrouver un cancer, mais Il faut se rassurer car 8 fois sur 10, les lésions cancéreuses identifiées par la coloscopie sont superficielles et se soignent facilement.
Sans dépistage, quelles sont les chances de survie lors d’un diagnostic de cancer colorectal?
J- Seitz – Sans dépistage, on retrouve beaucoup plus de lésions cancéreuses à un stade avancé. Pour 1 patient sur 4, le cancer sera au stade le plus avancé, le stade 4. Ce qui veut dire que le patient souffre de métastases pas toujours opérables, et que la guérison est beaucoup plus aléatoire et nécessite des traitements combinés beaucoup plus lourds (chimiothérapie, thérapies ciblées, opérations parfois multiples). Dans seulement 2 cas sur 10 (au lieu de 8 cas sur 10 avec le dépistage) les lésions sont superficielles.
En dehors du dépistage, quand consulter un médecin ?
S.M. – Il faut rester vigilant et consulter un médecin lorsque des douleurs abdominales ou des troubles digestifs inhabituels surviennent et persistent. La présence de sang dans les selles doit aussi alerter. Ces symptômes ne signifient pas qu’il y a un cancer mais qu’il faut consulter.
Zoom sur la fédération francophone de cancérologie
La Fédération Francophone de Cancérologie Digestive(FFCD) a déjà mené plus de 100 programmes de recherche, incluant 18.000 patients. Grâce à l’implication bénévole de ses médecins, la FFCD a travaillé sur 110 essais thérapeutiques qui ont apporté des changements de standards thérapeutiques bénéfiques pour les patients. En savoir plus sur le site de la FFCD.