Paludisme, dengue, encéphalites, maladie de Lyme… 58 % des maladies infectieuses ou allergiques qui affectent l’humanité ont été aggravées par des changements climatiques, liés à l’émission de gaz à effet de serre (GES). C’est ce que révèle une analyse de l’ensemble des études publiées sur le sujet est parue le 8 août dans la revue Nature Climate Change.
Maladies émergentes ou plus anciennes
En tout, 218 des 375 maladies humaines connues liées à des pathogènes ont été aggravés par les aléas du climat. Seulement 16 % de ces maladies ont été atténuées par ce phénomène, toujours d’après les auteurs de cette étude, coordonnés par Erik Franklin, un géographe de l’université d’Hawaï. Les chercheurs ont analysé l’impact sur les maladies pathogéniques, causé par neuf bouleversements climatiques liés aux GES : réchauffement atmosphérique, sécheresse, vagues de chaleur, incendies de forêt, précipitations extrêmes, inondations, réchauffement des océans, tempêtes accrues et élévation du niveau de la mer.
Interrogé par Le Monde, pour Yannick Simonin, virologue de l’Inserm, à l’université de Montpellier, « cette analyse bibliographique me semble tout à fait sérieuse. Le taux de 58 % doit être relativisé, mais il a le mérite de donner un ordre de grandeur et d’alerter sur l’importance du changement climatique dans l’augmentation des maladies humaines liées à des pathogènes, que ces maladies soient émergentes ou plus anciennes ».
Éviter des catastrophes futures
Pour leurs chiffres, les chercheurs ont d’abord analysé les données de Google Scholar et l’ensemble des études publiées qui présentaient des exemples de maladies pathogènes affectées par l’un ou l’autre de ces risques climatique. En tout, 77 000 titres ont été analysés, 830 ont été retenus.
Cette étude est pour le moins inquiétante et “démontre que le changement climatique pourrait nous réserver de bien mauvaises surprises infectieuses. Mais évidemment, ça parle seulement de ce qu’on connaît déjà, et ce qu’on ne sait pas encore au sujet des pathogènes pourrait bien mettre encore plus en évidence l’importance de combattre le changement climatique pour éviter des catastrophes futures, comme la COVID-19”, analyse Aaron Bernstein, le directeur intérimaire du Center for Climate, Health, and the Global Environment de l’École de santé publique de l’Université Harvard, pour The Associated Press.
Un commentaire
Si les maladies classiquement sévissant dans les pays « pauvres » viennent dans des pays plus riches, cela va obliger les industries pharmaceutiques de ces derniers à changer de stratégie.