Présent dans de nombreux produits allégés, l’aspartame est de nouveau sous le feu des critiques. Plusieurs associations appellent à son interdiction, alertant sur ses effets potentiellement nocifs. Ce substitut de sucre, largement utilisé dans notre alimentation depuis plusieurs décennies, est aujourd’hui accusé de favoriser des pathologies graves, dont certains cancers. Retour sur les faits.
Un édulcorant omniprésent depuis des décennies
Utilisé depuis les années 1980, l’aspartame, aussi connu sous le nom de E951, est un additif artificiel au pouvoir sucrant particulièrement puissant : environ 200 fois plus sucré que le sucre classique. Ce « faux sucre » est surtout présent dans les produits dits « light », censés aider à réduire la consommation de sucre raffiné.
« C’est un édulcorant – à la base de tous les produits allégés – que l’on utilise avant tout pour son pouvoir sucrant, 200 fois plus puissant que celui du saccharose », explique Emmanuel Ricard, de la Ligue contre le cancer.
Mais après des années d’utilisation massive, son efficacité réelle et son innocuité sont remises en question.
L’illusion d’un allié minceur
Lorsque l’aspartame a été introduit sur le marché, il était présenté comme une alternative saine au sucre, censée accompagner une alimentation plus équilibrée. Pourtant, le résultat n’a pas été à la hauteur des promesses.
En remplaçant le sucre sans en réduire l’attirance, l’aspartame aurait favorisé le maintien d’habitudes alimentaires sucrées, sans réel bénéfice sur le long terme.
De plus en plus d’alertes sur ses effets sur la santé
Si l’aspartame fait autant débat aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il est lié à des risques sanitaires préoccupants. Plusieurs recherches ont mis en lumière son impact sur le diabète, ses effets potentiels sur les grossesses, et son lien possible avec certaines maladies cardiovasculaires.
Mais c’est en juillet 2023 que l’alerte a pris une nouvelle ampleur : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organe de l’OMS, a classé l’aspartame parmi les « cancérogènes possibles pour l’homme ».
Une présence massive et parfois insoupçonnée
Ce qui inquiète encore davantage les experts, c’est la discrétion avec laquelle l’aspartame s’est glissé dans notre quotidien. On le retrouve dans des produits très variés, pas uniquement dans les sodas :
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boissons « light » ou sans sucre
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desserts industriels
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yaourts allégés
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chewing-gums
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plats préparés
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médicaments
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et même dentifrices pour enfants
« Parfois même dans des aliments qui, au départ, ne sont pas sucrés, comme les plats préparés, ou encore les dentifrices destinés aux enfants, histoire d’inciter à la consommation de ces produits », souligne Emmanuel Ricard.
Une demande d’interdiction à l’échelle européenne
Face à ces constats, trois organisations – Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka – ont décidé de lancer une pétition européenne pour demander l’interdiction de l’aspartame dans les produits alimentaires et pharmaceutiques.
Selon elles, cet additif ne répond pas aux promesses sanitaires avancées lors de sa mise sur le marché. « Il n’a pas l’efficacité sanitaire qui était revendiquée par les industriels lorsque cet édulcorant a été autorisé sur le marché », insiste Emmanuel Ricard.
Autre point noir : l’opacité sur les quantités utilisées. Aujourd’hui, les étiquettes mentionnent la présence d’aspartame, mais sans en indiquer la dose exacte.
Vers une prise de conscience globale ?
Le débat autour de l’aspartame dépasse la simple question d’un édulcorant. Il pose plus largement celle de la transparence alimentaire, des limites des additifs industriels, et du rapport entre industrie agroalimentaire et santé publique.
Alors que la pétition continue de recueillir des signatures à travers l’Europe, la balle est désormais dans le camp des autorités européennes, qui devront statuer sur le sort de cet additif controversé.