Chaque année, des milliers de vies pourraient être épargnées grâce à un test simple et accessible. Pourtant, une grande partie de la population choisit encore de l’ignorer. Pourquoi un geste aussi essentiel reste-t-il si peu pratiqué ?
Un test accessible, une efficacité prouvée… et pourtant ignoré
Le cancer colorectal, deuxième cause de décès par cancer en France, emporte près de 18 000 personnes chaque année. Pourtant, lorsqu’il est détecté suffisamment tôt, il peut être guéri dans 90 % des cas. Un chiffre qui rend d’autant plus incompréhensible la faible participation au programme national de dépistage.
Ce test, proposé tous les deux ans aux personnes âgées de 50 à 74 ans, est gratuit, réalisable à domicile, indolore, et ne prend que quelques minutes. Mais entre 2021 et 2022, seulement 34 % des personnes concernées l’ont effectué, selon les chiffres officiels. Les hommes et les plus jeunes de cette tranche d’âge sont les moins nombreux à répondre à l’appel.
La parole bloquée par la gêne : un tabou persistant autour des selles
Une enquête menée par la Fondation ARC, publiée en février 2025, met en lumière un phénomène aussi surprenant qu’inquiétant : le malaise profond entourant le sujet du dépistage colorectal.
-
57 % des sondés évoquent la peur du diagnostic comme principal frein.
-
31 % ressentent de l’embarras à l’idée de faire le test.
-
29 % trouvent le sujet répugnant ou inapproprié.
Plus de la moitié des Français de plus de 45 ans considèrent les selles comme un sujet tabou, ce qui empêche toute forme de normalisation.
Un paradoxe révélateur : ceux qui l’ont fait en parlent positivement
Ce contraste est d’autant plus frappant que parmi ceux ayant franchi le pas, la très grande majorité témoignent d’une expérience simple et rapide :
-
93 % l’ont trouvé rapide
-
87 % estiment qu’il est facile à réaliser
-
77 % déclarent qu’il n’est pas si désagréable que ça
Pourtant, ces retours positifs restent peu relayés, faute de discussions ouvertes sur le sujet.
Briser le silence pour sauver des milliers de vies
Pour la Fondation ARC, il est urgent de lever le voile sur ce malaise collectif et son appel est clair : normaliser le dépistage, libérer la parole, et faire du test colorectal un geste de routine, comme celui du cancer du sein ou du col de l’utérus.