Certains médicaments courants s’accumulent au niveau de la flore intestinale et modifient sa composition. Quels sont les médicaments incriminés ? Quel est le risque pour sa santé ? On fait le point grâce à une récente étude germano-américaine publiée dans la revue Nature.
C’est quoi la biotransformation ?
La biotransformation correspond aux modifications chimiques que subissent les médicaments dans l’organisme. Les chercheurs savent déjà que les bactéries peuvent modifier chimiquement certains médicaments. Mais cette étude est la première à démontrer que certains médicaments s’accumulent dans les bactéries intestinales. Ce qui réduit l’efficacité de ces médicaments tout en nuisant à la qualité du microbiote.
Quel est le problème ?
Le médicament perd en efficacité puisqu’une partie s’accumule dans la bactérie au lieu d’agir là où il doit le faire. De plus, ces interactions entre les médicaments et les bactéries intestinales modifient parfois le métabolisme même des bactéries et par effet domino de la flore intestinale.
Quels sont les médicaments concernés ?
Les chercheurs ont observé 375 associations médicament-bactéries. 70 d’entre elles ont donné lieu à des interactions, dont 29 n’avaient jamais été signalées auparavant. Et pour 17 de ces 29 nouvelles interactions, le médicament s’accumulait dans la bactérie. Ces médicaments sont :
- l’antidépresseur duloxétine,
- l’antidiabétique rosiglitazone,
- le montélukast (médicament contre l’asthme),
- le roflumilast (contre la bronchopneumopathie chronique obstructive).
Confirmer les résultats par une étude in vivo
Ces travaux doivent être confirmés par des études in vivo chez l’homme. Si les résultats s’avèrent concluants, ce serait un pas de plus vers une médecine personnalisée, ici en fonction des bactéries intestinales qui composent le microbiote.
Source : « Bioaccumulation de médicaments thérapeutiques par les bactéries intestinales humaines», Nature, 8 septembre 2021,