Et si un geste aussi banal que la marche pouvait protéger votre cœur ? Alors que les maladies cardiovasculaires continuent de faire des ravages en France, une étude britannique de grande envergure révèle un lien étonnant entre la vitesse de marche et la santé cardiaque. Les résultats, publiés dans la revue BMJ Heart, pourraient bien changer notre façon d’aborder la prévention.
Un fléau qui progresse silencieusement
Les chiffres sont alarmants : en 2022, près de un adulte français sur quatre était touché par des anomalies cardiovasculaires nécessitant un suivi médical régulier. Un constat préoccupant, alors même que les traitements ne cessent de progresser. Face à cette réalité, la prévention devient une priorité, et l’activité physique figure en tête des recommandations.
Une étude colossale menée sur plus de 400 000 personnes
C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs de l’université de Glasgow, dirigée par la professeure Jill Pell, a décidé d’examiner le lien entre le rythme de marche et les troubles du rythme cardiaque, comme la fibrillation auriculaire. Pour cela, ils ont exploité les données de plus de 420 000 participants issues de la UK Biobank, une vaste base de données médicales britannique.
Trois types de marcheurs, trois niveaux de risque
Les volontaires ont été répartis selon leur vitesse de marche habituelle :
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Les marcheurs lents (moins de 4,8 km/h) – 6,5 % des participants
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Les marcheurs moyens (entre 4,8 et 6,4 km/h) – 53 %
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Les marcheurs rapides (plus de 6,4 km/h) – 41 %
Et les résultats sont sans appel. Les marcheurs moyens présentaient 35 % de risque en moins de développer des troubles du rythme cardiaque comparés aux marcheurs lents. Encore mieux : les marcheurs rapides affichaient une réduction de 43 %.
Pourquoi la vitesse de marche joue-t-elle un rôle ?
L’équipe avance une explication physiologique cohérente. Selon les chercheurs : « Cette découverte est biologiquement plausible car des études épidémiologiques cumulatives ont montré que le rythme de marche est inversement associé à des facteurs métaboliques qui, à leur tour, sont associés au risque d’arythmie. » En clair, marcher plus vite serait un reflet d’une meilleure santé globale, avec un métabolisme plus efficace, moins d’inflammation, et une meilleure condition cardiovasculaire.
Des limites à ne pas négliger
Malgré la solidité des chiffres, l’étude reste observationnelle. Elle ne prouve pas que la marche rapide cause directement une baisse du risque, seulement qu’il existe une corrélation significative. Autre bémol : la vitesse de marche a été auto-déclarée, ce qui introduit un biais subjectif. Enfin, l’échantillon était peu diversifié : âge moyen de 55 ans, et 97 % de participants d’origine ethnique blanche, ce qui limite la généralisation des résultats à l’ensemble de la population.
Une piste simple mais prometteuse
Malgré ces limites, cette étude renforce l’idée qu’un simple ajustement de nos habitudes quotidiennes, comme marcher à un rythme plus soutenu, pourrait réduire sensiblement les risques de troubles cardiaques. Une stratégie à la fois accessible, gratuite et sans effets secondaires, que la prévention cardiovasculaire ne peut ignorer.