« Celui qui n’aime est malheureux, Et malheureux est l’amoureux », écrivait Ronsard. Et si le coup de foudre n’avait rien de mystérieux et qu’il était simplement associé à une réaction du cerveau ? S’il peut nous faire flotter sur un petit nuage, il peut aussi nous conforter dans une idéalisation de la relation et de nos sentiments à l’égard de l’objet de notre désir. Mais, des astuces existent pour ne pas céder au chant des sirènes de la confusion.
Bénéfique à la reproduction
Lors des interactions amoureuses, la communication entre le cortex préfrontal et le noyau accumbens s’intensifient, comme le révèle une étude menée par des neuroscientifiques américains. Ces derniers ont provoqué artificiellement un coup de foudre chez des campagnols des prairies. Puis, ils ont mesuré l’activité électrique de leur cerveau. Ainsi, ils observent que des stimuli visuels, olfactifs, tactiles et auditifs envoyés par notre partenaire activent les mécanismes amoureux du cerveau.
Douze régions du cerveau s’activent alors, pour libérer des molécules chimiques euphorisantes comme la dopamine, l’ocytocine ou l’adrénaline. Ces régions sont d’ailleurs impliquées dans l’émotion, la motivation, la récompense, la cognition sociale. En somme, le cerveau met en place une check-list, qui nous dicte ce qui est bon pour la survie et valide la possibilité d’avoir un enfant ensemble, « et quand tout concorde, le cerveau dit : allez-y », résume Lucy Vincent, neurobiologiste, auprès de Brut. Ainsi, « le coup de foudre serait l’un des signes naturels bénéfiques à notre reproduction« .
Un travail de deuil
Tout ce procédé se produirait en une dizaine de secondes, selon une autre étude du Journal of Sexual Medicine, publiée en 2010. Par ailleurs, d’autres parties du cerveau s’activent pour stimuler le cœur. C’est ce qui provoque les petits papillons dans le ventre, ressenti par les amoureux. « Certains symptômes que nous ressentons parfois comme une manifestation du cœur pourraient parfois venir du cerveau », d’après Stephanie Ortigue, dans Science Daily.
En revanche, la passion du début ne peut durer indéfiniment. D’ailleurs, c’est une autre hormone qui prend la relève du coup de foudre, l’ocytocine, molécule de l’attachement.« Un travail de deuil doit alors s’accomplir, pour sortir de la relation fusionnelle initiale et instaurer de nouveaux liens », analyse le Dr Serge Héfez, psychiatre et auteur de La danse du couple. Car, il arrive forcément un moment où l’on se rend compte que l’autre n’est pas à l’image idéale que l’on avait de lui.
Faire évoluer la relation et ses sentiments
Avant tout, assurez-vous d’être bien amoureux de la personne et non pas l’image en question que vous avez de cette dernière. Pour ça, il vous faudra la désacraliser, ainsi que ce qu’elle représente. Mais vous devrez aussi rationaliser les sentiments que cela vous apporte dans votre quotidien, – comme le simple fait de se sentir amoureux, ou se projeter en couple quand on est célibataire -. Par ailleurs, accueillez sereinement tout ce qui vous est donné, proposé, ou qui pourrait arriver, sans attendre un comportement précis de la part de l’autre.
Enfin, le meilleur moyen de transformer le coup de foudre, pour l’atténuer ou en faire une relation plus stable et sérieuse, c’est de se confronter à une forme de réalité. « La sexualité est une longue conversation. L’important est que la relation avance, qu’elle se nourrisse des expériences partagées et que les partenaires n’aient pas l’impression de faire du sur place. Car, en ce cas, l’ennui pointe vite le bout de son nez », d’après Patricia Delahaie, sociologue, dans son livre La sexualité est une longue conversation.