La diphtérie, cette maladie que l’on croyait reléguée aux livres d’histoire médicale, fait un retour inquiétant en Europe. Depuis 2022, les autorités sanitaires observent une recrudescence inhabituelle des cas, particulièrement chez les populations vulnérables. Cette situation préoccupante mobilise l’ensemble des acteurs de santé publique qui appellent à redoubler de vigilance et à renforcer les mesures préventives.
Une épidémie d’ampleur historique qui frappe l’Europe
Ce que les experts qualifient d’événement sanitaire majeur pourrait bien être, selon l’Institut Pasteur, la plus importante épidémie de diphtérie en Europe occidentale depuis sept décennies. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 362 cas recensés en 2022 sur le continent européen, suivis de 123 cas en 2023.
La France n’est pas épargnée, avec plusieurs dizaines de cas identifiés ces deux dernières années. Le Ministère de la Santé français confirme cette tendance inquiétante en notant qu’« une augmentation du nombre de cas de diphtérie (cas importés) est observée en France depuis 2022 ».
Comprendre la maladie et ses dangers
Un pathogène redoutable
Santé publique France qualifie sans détour la diphtérie de maladie « hautement contagieuse ». Si elle se manifeste initialement par une simple angine, les complications potentielles sont graves, voire fatales.
Les personnes non vaccinées et non traitées rapidement s’exposent à un taux de mortalité alarmant de 30%. Les complications cardiaques et neurologiques figurent parmi les séquelles les plus redoutées de cette infection bactérienne.
Les enfants particulièrement vulnérables
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alerte sur la vulnérabilité spécifique des jeunes enfants face à la diphtérie. Cette population présente un risque de décès significativement plus élevé en cas d’infection, d’où l’importance cruciale de la vaccination dès le plus jeune âge.
Les populations à risque au cœur de l’épidémie
Cette résurgence de la diphtérie touche principalement des groupes spécifiques. Les données épidémiologiques montrent que les personnes migrantes et sans domicile fixe sont les plus touchées par cette vague de contaminations.
L’Institut Pasteur précise que l’épidémie actuelle « résulte de contaminations survenues au cours des voyages migratoires ou dans les pays européens de destination ». Cependant, les experts reconnaissent les limites de leur évaluation : « L’ampleur exacte de l’épidémie reste difficile à déterminer en raison des limites du dépistage auprès de ces populations vulnérables ».
Mesures de prévention et populations concernées
L’importance cruciale de la vaccination
Face à cette menace, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) se veut rassurant pour la population générale : « La probabilité de développer la maladie est très faible pour les personnes résidant dans la communauté, à condition qu’elles aient suivi une série complète de vaccinations contre la diphtérie et qu’elles soient à jour. Néanmoins, des cas secondaires et des cas cliniques graves de diphtérie sont possibles chez les personnes non vaccinées ou immunodéprimées ».
Groupes particulièrement exposés
Isabelle Parent du Chatelêt, de Santé publique France, identifie précisément les personnes les plus exposées : « La diphtérie représente un risque notamment chez les personnes migrantes, les personnes sans domicile fixe, les consommateurs de drogues injectables, les personnes non vaccinées et les personnes âgées souffrant de maladies préexistantes, ainsi que les personnes ayant des liens professionnels avec ces groupes ».
La vigilance reste donc de mise, particulièrement pour ces populations vulnérables et les professionnels qui les accompagnent. Dans ce contexte, les autorités sanitaires rappellent l’importance fondamentale de maintenir une couverture vaccinale optimale dans l’ensemble de la population.