La chrononutrition est un régime inventé par le Docteur Alain Delabos en 1986, qui prend en compte plusieurs paramètres. Le premier est le moment opportun pour manger, ensuite la priorité est donnée à l’instinct, et pour finir à la morphologie de l’individu, sa personnalité, son milieu de vie et ses activités physiques. Dans les grandes lignes, il s’agit de consommer les aliments gras le matin, consistants le midi, sucrés l’après-midi et légers en soirée. Cependant, la chrononutrition est difficile à mettre en place chez des travailleurs postés ou des personnes peu enclins à respecter une certaine discipline alimentaire. Néanmoins les bienfaits sont indéniables comme la perte de poids, le renforcement du système immunitaire, l’équilibre hormonal, un meilleur sommeil, la prévention du diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, et un regain d’énergie vitale. L’hormone de la satiété « la leptine » permet de réguler la prise alimentaire en privilégiant les protéines et les lipides. La consommation des glucides doit être réservée à des moments clés de la journée.
Définition du régime chrononutrition
Ce rééquilibrage alimentaire a été inventé par le docteur Alain Delabos en 1986 pour soigner les personnes âgées dénutries. Il consiste à respecter les besoins biologiques du corps humain qui sont basés sur les habitudes instinctives de nos ancêtres ou chronobiologies humaines. Cette méthode testée médicalement par l’IREN (Institut de Recherche Européen sur la Nutrition), permet de recouvrer une meilleure santé, un poids normal, tout en corrigeant les carences alimentaires. Force est de constater que la chrononutrition autorise des aliments qui sont bannis d’autres régimes amaigrissants, car consommés au bon moment de la journée. Ce rééquilibrage alimentaire concerne les pathologies de l’obésité, du surpoids et de l’anorexie. Adopter ce régime améliore la forme, régule le stress et le sommeil notamment.
Les grands principes
Les aliments doivent être consommés durant certaines périodes de la journée en corrélation avec vos rythmes biologiques :
- L’activité rénale maximale se situe entre 5h et 11 h du matin
- L’activité intestinale est maximale entre 7h et 9h du matin
- L’activité hépatique maximale débute à 8 h jusque 11 h, et reprend de 18h à 21 h le soir
- L’activité hépatique et biliaire est maximale entre 11h et 15h
- L’activité musculaire est maximale entre 10 et 12h puis de 1h à 19h
- L’activité intellectuelle d’apprentissage est maximale entre 9h et 11h et de 15h à 17h
- L’activité intellectuelle de concentration est maximale entre 8h et 10h et de 16h à 17h.
- L’activité d’éveil (cortisol) est maximale de 6h à 9h
En clair, la chrononutrition prend en compte plusieurs paramètres. Le premier est le moment opportun pour manger, ensuite la priorité est donnée à l’instinct, et pour finir, la morphologie de l’individu, son milieu de vie et ses activités physiques. Ainsi, il s’agit de consommer les aliments gras le matin, consistants le midi, sucrés l’après-midi et légers en soirée.
Cependant, dans certains pays européens comme la France, la Suisse, l’Italie, la distribution énergétique au cours d’une journée diffère de celle de la Suède. L’apport énergétique augmente progressivement au petit-déjeuner pour atteindre un pic au déjeuner et décroît ensuite. À l’inverse en Suède, le petit-déjeuner et le dîner concentrent le plus fort apport énergétique. Le déjeuner constituant la plus faible proportion.
Journée type de chrononutrition
Avant de débuter le régime de chrononutrition, certaines règles sont à respecter. En principe le petit-déjeuner est pris entre 6h30 et 9h30. Ensuite le créneau du déjeuner se situe entre 12h et 13h30. La collation de l’après-midi est consommée entre 17h et 18h30. Le dîner ne doit pas s’effectuer moins d’une heure avant le coucher. Il est possible de sauter le repas du soir, mais fortement déconseiller de se priver des autres repas. D’autre part, il ne faut jamais :
- Changer l’ordre des repas
- Augmenter la ration de végétaux
- Calmer la faim avec autre chose que de la viande (protéines)
- Compenser un repas négligé dans la journée par un repas copieux le soir
- Les crudités ne se consomment qu’au dîner
- Le sucre est pris en dehors des repas
Petit-déjeuner
Recette 1 :1 tranche de pain complet + 10 g de beurre + 50 g de comté + 1 thé vert sans sucre..
Recette 2 : 2 cuillères à soupe de graines chia ou alfalfa germées + 125 ml de lait de riz ou d’amande non sucré + 1 avocat + 1 thé vert sans sucre.
Recette 3 : 2 œufs avec 1 tranche de jambon cuit + 40 g de comté + 2 crackers au sarrasin + 1 thé rooibos sans sucre
Déjeuner
Recette 1 : 1 blanc de poulet ou dinde + 80 g de pâtes semi-complètes + une poignée d’olives vertes
Recette 2 : 1 filet de dorade + 200 g de pommes de terre sautées avec 1 cuillère à soupe d’huile d’olive et épices.
Recette 3 : 50 de lentilles + 60 g de riz complet + 2 cuillères à soupe de sauce tomate basilic
Goûter
Recette 1 : 3 figues sèches + 5 amandes ou cerneaux de noix + 1 thé sucré au miel
Recette 2 : 1 compote de pomme + 2 carrés de chocolat noir + 1 thé non sucré
Recette 3 : 1 orange + 1 poignée de pistaches + 1 thé sucré au miel ou sirop d’érable.
Dîner
Recette 1 : 1 tranche de cabillaud + jus de citron + 200g de brocolis ou haricots verts à la tomate.
Recette 2 : 150 g de crevettes grises ou roses + 200 g de légumes au wok (maïs, pousses de soja, poivrons verts et jaunes).
Recette 3 : 100g de tofu fermenté ou mariné avec curcuma, coriandre et sauce soja + 1 bol à soupe de salade ou endives.
Avantages de la chrononutrition
7 bienfaits de la chrononutrition sont liés au respect de votre horloge biologique. L’impact sur la santé est indéniable et demande une régularité qui n’est pas compliquée à respecter.
Perte de poids
Votre alimentation est synchronisée avec votre rythme circadien. C’est-à-dire que votre métabolisme fonctionne mieux avec certains aliments consommés dans des créneaux horaires précis. De surcroît votre métabolisme décompose les graisses et le sucre pour les distribuer en énergie et non les stocker.
Système immunitaire renforcé
Des repas riches en aliments sains concourent à un bon système immunitaire. Le corps absorbe les nutriments avec une meilleure efficacité selon certaines heures.
Équilibre hormonal
Le pancréas a pour fonction de fabriquer de l’insuline afin de transformer les aliments pour les livrer aux cellules du corps. Parfois, votre corps est sollicité pour créer de l’insuline au moment où vous mangez. En outre, si vous changez la fréquence, la quantité ou le moment de prise de nourriture, l’insuline s’en trouver perturbée. Grâce à la chrononutrition, vous mangez selon un horaire précis qui aide votre horloge interne à produire de l’insuline régulièrement ainsi que d’autres fonctions digestives.
Meilleur sommeil
Afin de s’assurer un sommeil de qualité, il suffit de synchroniser son rythme circadien avec son alimentation. Un mode alimentaire déstructuré peut déclencher une sensation de faim ou fringale au milieu de la nuit et entraîner une insomnie.
Prévention du diabète
Manger en grande quantité et consommer trop de gras et de sucre prédispose au diabète de type 2. Le pancréas est incapable de produire assez d’insuline pour se conformer à l’apport en sucre du consommateur. Les cellules deviennent résistantes à l’insuline et n’arrivent plus à absorber le sucre pour le convertir en source d’énergie. Pour contrer ce problème, il est important de prêter attention à son alimentation. Consommer au bon moment, vous aide à équilibrer vos hormones pour éviter de manger de manière compulsive et en excès. Vous maintenez un poids satisfaisant grâce à la chrononutrition.
Regain d’énergie vitale
La synchronisation de l’horaire alimentaire avec le rythme de sommeil procure un regain d’énergie vitale. En l’absence de ce rythme, la fatigue s’installe et impacte négativement productivité au travail et capacités cognitives.
Prévention des maladies cardiovasculaires
Le cholestérol LDL s’élève en l’absence d’une nourriture équilibrée et d’un rythme circadien approprié. De plus, d’autres comorbidités comme le diabète, le tabagisme, et l’alcool font le lit des maladies cardiaques. À ce niveau, la chrononutrition permet de retrouver un fonctionnement optimal de l’organisme et de gagner des années de vie en bonne santé.
Désavantages de la chrononutrition
Avant d’envisager ce type de régime, il est nécessaire de passer en revue quelques inconvénients.
- Budget élevé si vous achetez des aliments spécifiques ou de qualité supérieure ou des suppléments destinés à pallier le risque de carence en vitamine D, liée à l’éviction des laitages.
- Bâtir un planning de repas et s’y tenir demande du temps. Une vie active trépidante est difficilement conciliable avec ce régime.
- En cas de problèmes de santé, il est préférable de demander conseil à votre médecin traitant avant de débuter la chrononutrition. En effet, les aliments apportent une quantité de protéines élevées dont la consommation est déconseillée aux personnes souffrant d’insuffisance rénale.
Chrononutrition et perte de poids
L’allongement de la période alimentaire quotidienne contribue à l’augmentation de poids. En réduisant cette fenêtre alimentaire ainsi que l’apport calorique de 20%, la perte de poids moyenne est de 3% environ et s’associe à une diminution de masse graisseuse. Le réalignement de l’alimentation et de l’horloge circadienne contribue à ce succès selon une étude médicale publiée dans le NIH. D’autres travaux montrent que les calories qui sont ingérées le matin sont mieux utilisées par l’organisme que le soir.
Le rythme circadien contrôle ainsi des fonctions physiologiques essentielles comme l’alimentation, la sécrétion endocrinienne, le nerf autonome et l’activité motrice. C’est-à-dire qu’ils contrôlent la distribution de l’absorption, le métabolisme et l’évacuation des nutriments. Ce qui suggère des interactions mutuelles entre la nutrition et les horloges circadiennes. Les interactions dites par chrononutrition avec des repas plus conséquents lors du petit-déjeuner protègent de l’obésité et favorisent la perte de poids.
Combien de poids peut-on perdre avec la chrononutrition ?
Au cours d’une période d’un mois, la perte de poids moyenne avec la chrononutrition est d’environ 1 à 2 kilos par semaine. Par la suite, vous perdez entre 500 g et 1 kilo jusqu’à l’atteinte du poids idéal.
Peut-on avoir un ventre plat ?
Dans les grandes lignes, il est conseillé de manger des aliments aux heures où ils sont le mieux digérés. Il faut mieux éviter les soupes et certains produits laitiers qui provoquent des ballonnements. L’idée d’un jeune intermittent grâce à une fenêtre d’alimentation restreinte permet d’avoir un ventre plat. Les graisses du ventre sont alors déstockées. Pour ce faire, vous pouvez par exemple sauter occasionnellement le petit-déjeuner ou le dîner. En clair, à partir du milieu d’après-midi sans absorber d’ aliments, votre corps entame ses réserves d’énergie en les puisant dans le foie. Cette nouvelle approche dénote avec certaines croyances selon lesquelles seules les calories, la quantité et la qualité de la nourriture consommée suffisaient à déloger les graisses et maigrir.
Selon le néphrologue Jason Fung, spécialiste de la surcharge pondérale outre-Atlantique, deux facteurs modifient la réponse hormonale et particulièrement la fabrication d’insuline, hormone régissant le stockage. Une alimentation fréquente à des moments où l’organisme n’est pas biologiquement disposé à absorber de la nourriture, oblige le pancréas à secréter trop d’insuline, ce qui entraîne le stockage des graisses. L’insuline cible plus spécifiquement la sangle abdominale, et la graisse se loge autour des viscères. Le contrôle des apports en glucides, une répartition différente des apports énergétiques ainsi que la réduction des prises alimentaires suffisent à déstocker ce gras. Le docteur Fung a obtenu des résultats spectaculaires avec des patients pourtant obèses et diabétiques.
Quelle quantité manger ?
Il va sans dire que le contenu de l’assiette est déterminant pour réguler la sécrétion d’insuline qui favorise la perte de poids. Les glucides doivent être mieux choisis et limités en conséquence.
- Suppression des sucres ajoutés. Les molécules de glucose contenues vont accroître la résistance à l’insuline dans le foie. Au fur et à mesure, celle-ci reste élevée en permanence. L’organisme qui constate un niveau d’insuline élevé stocke à son tour les graisses. En revanche, une insuline basse provoque le déstockage des graisses.
- Consommer la bonne quantité de protéine. En plus d’assurer une parfaite satiété, les protéines contenues dans la viande, le poisson, les laitages, le soja, etc. boostent le métabolisme de base, et augmentent les dépenses de l’organisme. La perte de poids est donc associée à une juste consommation de protéines. À l’inverse, un excès s’avère dangereux pour les reins. La dose idéale est de 1g de protéine par kilo de poids corporel par journée. Par exemple, si vous pesez 60 kilos, vous devez en consommer 60 g.
- Les féculents à index glycémique bas. Comme les céréales raffinées (pain blanc, pâtes blanches, riz blanc, farine blanche) stimulent l’insuline autant que les produits sucrés, vous devez les fuir. Remplacez-les par des céréales complètes (pain, flocons d’avoine), quinoa, boulgour, fonio, sarrasin. Les légumineuses (lentilles, pois cassés) et patates douces sont à privilégier.
- Modération des fruits. Bien qu’ils soient riches en antioxydants et micronutriments, les fruits contiennent aussi du fructose. Ce sucre consommé en excès favorise la résistance à l’insuline. L’idéal est de se limiter à 3 portions (100 g) par journée et de préférence le matin. À l’inverse, les légumes contiennent des fibres qui assurent une bonne satiété. De plus, ils stabilisent le taux de glucose sanguin tout en freinant l’assimilation du bol alimentaire. Le Docteur Fung confirme leur intérêt d’après de nombreuses études. Les légumes se consomment à tous les repas sous diverses formes.
- Réhabilitation de certaines matières grasses. Incroyable, mais vrai ! Parmi les trois grandes familles de nutriments (lipides, glucides, protéines), les lipides sont moins préposés à stimuler l’insuline. Comme ils ne favorisent pas la prise de poids, l’effet ressenti est rassasiant pour le corps. Ce qui est synonyme de bien-être. Divers gènes impliqués dans le métabolisme des lipides alimentaires sont contrôlés par le rythme circadien qui dicte leur avenir métabolique vers l’oxydation ou le stockage. Néanmoins, les lipides doivent provenir d’huiles naturelles et non raffinées (olive, cameline, lin, carthame, etc.) En outre, le beurre, les fromages, les laitages entiers, les poissons gras, les oléagineux sont aussi bénéfiques tout en respectant les portions indiquées.
Aliments et chrononutrition
Les aliments à consommer
- Tous les légumes : artichauts, asperges, avocats, carottes, petits pois, choux y compris les pommes de terre
- Œufs
- Crustacés : moules, huîtres, coquilles Saint-Jacques, langouste, homard
- Poissons gras : sardines, saumon
- Poissons maigres : cabillaud, colin, églefin, limande, sole
- Poissons mi-gras : hareng, maquereau, truite, thon en boîte
- Viandes rouges à titre exceptionnel (bœuf,mouton)
- Viandes blanches (poulet, dinde, lapin, veau, porc, pintade, pigeon)
- Tofu
- Produits laitiers (fromages, crèmes, beurre)
- Huile oméga 3 (cameline, chanvre, lin, noix, germe de blé)
- Huile oméga 6 (olive, tournesol, carthame, sésame)
- Graines germées de légumineuses, de céréales, alfalfa, cresson, etc.
- Condiments : vinaigre de cidre, Gomasio, levure de bière, épices, moutarde, cornichons, câpres
- Algues : laitue de mer, wakamé, sushis, spiruline
- Crèmes végétales (avoine, amande, riz, soja, noix de coco)
- Céréales avec gluten (blé, seigle, orge, avoine, épeautre)
- Céréales sans gluten (millet, quinoa, riz, amarante, teff, sarrasin)
- Légumineuses (flageolets, azukis, lentilles, pois cassés, pois chiche, fèves)
- Fruits oléagineux (amandes, noix, noisettes, pistaches, arachides)
- Fruits secs (dattes, abricots, figues, pruneaux, bananes, pommes)
- Fruits frais (abricots, bananes, ananas, pêches, pommes, raisins, fraises, cerises, melon, pastèque, tomates)
- Champignons (cèpes, girolles, shiitakes)
- Aromates (cerfeuil, estragon, persil, romarin, sauge, thym)
Les aliments à éviter
- Sucre blanc
- Sel raffiné
- Charcuterie (viande fumée, salée ou séchée, jambon blanc et cru, bacon lardon, saucisses sèches, saucisson, hot-dogs
- Abats (ris, foie, cervelle, etc.)
- Huile d’arachide et l’huile raffinée
- Sodas, eau gazeuse, bière, alcool
- Plats préparés industriels sous vide et surgelés
- Conserves
- pain de mie et viennoiseries industrielles,
- pizzas, biscuits
- mayonnaise et ketchup, etc.
- céréales blanches (riz, pain, semoule, farine)
- conservateurs, et rehausseurs de goûts, arômes de synthèse
Les aliments à supprimer
- Les yaourts
- Les aliments allégés
- Les soupes et potages
Un Régime accès sur la bonne santé ?
La chrononutrition interpelle de plus en plus la recherche et les médias. La société moderne nous encourage à des prises alimentaires prolongées et erratiques. Celles-ci sont associées à un risque accru de diabète, et de maladies cardiovasculaires. En revanche, des études récentes prouvent que la réduction de l’alimentation dans le temps, favorise la perte de poids, améliore le bien-être ainsi que la santé cardiométabolique. Des essais cliniques récents montrent que la chronutrition intervient dans le métabolisme du glucose et des lipides. Les niveaux de glucose à jeun et postprandiaux sont également abaissés pendant les repas. En outre, une diminution de l’insuline à jeun ainsi qu’une amélioration de la sensibilité à l’insuline ont été rapportées. Ces changements entraînent parfois une diminution des triglycérides et du cholestérol présents dans le sang chez certains sujets. Les réponses sont différentes selon le statut métabolique, l’âge, le sexe et le chronotype. La chrononutrition est une stratégie diététique intéressante, car facile à adapter en prévention des perturbations métaboliques des lipides et du glucose.
Chronutrition et travail posté
La chrononutrition peut-elle être pertinente pour les travailleurs postés ? La chrononutrition joue un rôle dans de nombreuses maladies chroniques associées à des modes de vie moderne. En effet, l’exposition à des heures excessives de lumière artificielle et à des habitudes alimentaires irrégulières ou intermittentes perturbe le système circadien. Des recherches effectuées par Reutrakul & Knutson en 2015 prouvent que les salariés postés, en particulier la nuit, encourent un risque accru de développer certaines pathologies chroniques comme le diabète de type 2 ainsi que cardiométaboliques. Malgré le fait que le rôle de l’alimentation soit connu dans ces pathologies, des lacunes demeurent dans la compréhension du mécanisme entre heures de travail et alimentation selon Gibson. La chrononutrition pourrait jouer le rôle de médiateur du risque avéré de maladies chroniques pour cette frange de population.
Désynchronisation de l’horloge interne chez les adolescents et personnes âgées
Comme les schémas circadiens changent tout au long de notre existence, l’amplitude circadienne va diminuer avec l’âge et les altérations dans la régulation des rythmes circadiens favorisent les pathologies liés à la vieillesse comme la démence. A contrario, chez les adolescents, le processus d’endormissement est plus tardif à cause d’une sécrétion de l’hormone du sommeil décalée (mélatonine). À ce stade, la chrononutrition peut resynchroniser les hormones biologiques perturbées. Or une alimentation répartie sur 24 heures désynchronise les horloges périphériques dont le rôle consiste à réguler le métabolisme. Les animaux qui ont été nourris ainsi présentent plus de troubles métaboliques que ceux qui consomment la même quantité d’aliments lors de repas réguliers ou limités à une partie de la journée. Cette discipline imposée à la souris la soustrait à l’obésité.
Chrononutrition avant et après le Covid-19 chez les jeunes
La chrononutrition s’avère être un domaine de recherche d’où émergent trois aspects temporels : la régularité, la fréquence et le temps de l’horloge. À cause de la pandémie de Covid-19 et de la mise en place du confinement, les habitudes quotidiennes ont été perturbées. Cette opportunité a conduit des spécialistes de la chrononutrition à enquêter chez les adolescents. 99 participants d’âges compris entre 13 et 20 ans ont été sélectionnés à l’époque. Lors de l’épisode Covid, les sujets témoins (34%) prenaient leur petit-déjeuner moins régulièrement (65%) qu’avant la pandémie. En outre, durant la pandémie, les participants ont pris des collations en matinée (26% contre 60 %), dans l’après-midi (19% contre 81%) et en soirée (22% contre 84%). Force est de constater que les collations en après-midi et en soirée étaient plus importantes pendant la pandémie. Ces individus ont présenté des problèmes de sommeil accrus à la même période. Cette étude réalisée sur 99 adolescents prouve que la régularité des repas a diminué durant les confinements, alors que la fréquence des repas, plus spécifiquement les collations ont augmenté. Cette étude de cas montre l’importance de conserver une discipline quotidienne pour lutter contre un apport énergétique démesuré via les collations.
Chrononutrition selon les traits de personnalité
Les preuves s’accumulent sur le lien entre la personnalité, l’obésité et les pathologies cardiométaboliques. De surcroît, des apports alimentaires erratiques représentent un facteur de risque probable d’obésité, du syndrome métabolique et des maladies cardiovasculaires. De récentes études, sous-entendent que le moment où nous mangeons, dénommé « chrononutrition est aussi important que ce que nous mangeons. Ce concept englobe 3 aspects :
- irrégularité de l’apport énergétique pendant les repas. C’est-à-dire que les apports énergétiques varient tout au long de la journée et à des moments qui diffèrent d’un jour à l’autre.
- Fréquence ou nombre de repas/jour
- Timing de la prise alimentaire ou heure réelle de la journée.
À ce titre, des recherches ont été effectuées avec MEDLINE en renseignant les termes de recherche avec les mots « personnalité », « chrononutrition », « IMC », « cardiométabolique », ainsi que « taux métabolique ». Les résultats montrent une relation opposée entre la conscience et l’obésité. Les personnes les plus consciencieuses présentent un risque moins élevé d’obésité. En outre, le moment de la journée consécutive à l’apport énergétique est lié à l’obésité. Les repas consommés le soir s’associent à un taux métabolique au repos qui est plus faible. L’horaire et la fréquence erratiques des repas sont liés à une prise de poids et à une moindre bonne santé cardiométabolique. Les données suggèrent que manger des repas à heure fixe chaque jour, selon des intervalles réguliers, explique la raison pour laquelle, ceux qui présente un haut niveau de conscience sont capables de conserver un poids équilibré. Les régimes diététiques doivent être réalisés sur mesure, en tenant compte des différents traits de personnalités des individus.
Influence des nutriments en chrononutrition
Certains nutriments comme le sodium, la caféine, l’acide cinnamique, la nobilétine, le palmitate, les acides aminés, la théophylline, la thiamine, l’éthanol, l’acide rétinoïque ont la capacité de réinitialiser ou de déphaser les rythmes circadiens selon des recherches in vitro ou animales. À titre d’exemple, le glucose active l’expression de gènes circadiens impliquant un rôle dans la synchronisation des horloges centrales et périphériques (Oosterman et al., 2014). Les acides aminés exercent une fonction similaire.
Microbiote intestinal et régulation des horloges périphériques.
Le microbiome permet la régulation de nombreux mécanismes physiologiques comme la digestion des composants alimentaires, le système immunitaire, le métabolisme de l’hôte, l’homéostasie épithéliale. De surcroît, le microbiote intestinal influe aussi sur l’horloge circadienne, à l’effigie des changements jour-nuit dans la composition ou le rôle du microbiome intestinal (oscillations circadiennes).
Manque de sommeil et obésité
Un dîner pris tardivement suite à un horaire inhabituel, ou à l’absence de déjeuner, provoque une surconsommation d’aliments et des insomnies. Les horloges circadiennes ont pour mission de contrôler la leptine qui régule l’appétit. Le désalignement circadien occasionne une diminution de leptine sérique au fil de la journée. Des études ont prouvé qu’une modification des rythmes alimentaires induit une augmentation de l’apport alimentaire total. Il faut savoir que les niveaux de leptine (hormone de la satiété) sont diminués et que l’apport énergétique est élevé durant les courtes durées de sommeil. Le manque de sommeil est donc associé à l’obésité. Une alimentation limitée dans le temps lors de la phase de non-activité (sommeil) est susceptible de provoquer une privation de sommeil ainsi qu’une suralimentation. Ainsi, il est prouvé que l’heure d’alimentation va affecter le poids corporel.
La température corporelle est aussi régulée par l’horloge circadienne. De plus, la thermogenèse provoquée par l’alimentation induit des variations circadiennes chez l’individu. Celle-ci est plus élevée le matin, que le reste de la journée et la nuit. La thermogène circadienne augmente la masse corporelle des personnes qui se privent de petit-déjeuner. La luminosité joue aussi un rôle dans la thermogène et le métabolisme. Une lumière constante perturbe la thermogenèse. Une expérience réalisée chez les souris montre que quatre jours de luminosité constante provoquent une augmentation du poids immédiatement. Il en résulte une déstructuration du comportement alimentaire, des cycles entrecoupés de veille et sommeil, et une homéostasie énergétique incluant la thermogenèse.
D’autre part, le jeûne nocturne chez le rongeur a permis de constater une amplitude des gènes lipogéniques qui augmentent la lipogenèse dans le foie .La lipogenèse circadienne dans le foie va être reprogrammée par la chrononutrition. De plus, la consommation de polyphénols, d’acides gras insaturés, de fibres à des heures spécifiques, contribue à promouvoir ou restaurer la santé. En cas de trouble métabolique, d’allergies ou d’intolérances alimentaires, le programme de chrononutrition doit être établi par un spécialiste qui tient compte des préférences de l’individu et de son mode de vie. Le chronothérapeute peut supprimer certains aliments ou les substituer à d’autres, puis modifier la quantité pour atteindre un équilibre alimentaire optimal.