Le phénomène inquiète la communauté médicale mondiale. Les cas de cancer diagnostiqués chez les personnes de moins de 50 ans connaissent une progression fulgurante depuis les années 1990, poussant certains experts à évoquer une véritable épidémie. Cette tendance, loin d’être anodine, interroge sur l’impact de nos modes de vie contemporains et de notre environnement sur la santé des jeunes générations.
Une augmentation spectaculaire des diagnostics
Les chiffres sont sans appel. Entre 1990 et 2019, le nombre de nouveaux cas de cancer détectés chez les moins de 50 ans a grimpé de près de 80%. En valeur absolue, cela représente un bond de 1,82 million à 3,26 millions de cas à l’échelle mondiale.
Cette progression exponentielle pousse désormais certains spécialistes à qualifier ce phénomène « d’épidémie de cancers », une terminologie qui traduit l’ampleur et la gravité de la situation.
L’environnement plutôt que la génétique
Comment expliquer une telle hausse en si peu de temps? Pour Yasmine Belkaïd, l’explication ne se trouve pas dans notre patrimoine génétique mais bien dans les transformations rapides de notre environnement.
« Ce ne sont pas nos gènes qui ont évolué en l’espace de quelques décennies, c’est notre environnement », explique-t-elle sans détour.
Les facteurs environnementaux mis en cause sont nombreux:
– La pollution atmosphérique
– Les produits chimiques présents dans l’alimentation
– La consommation de tabac
– L’abus d’alcool
– L’usage de stupéfiants
– La sédentarité croissante
– L’augmentation des cas d’obésité
Un potentiel de prévention considérable
Face à ce constat alarmant, une lueur d’espoir existe néanmoins. Selon les données du World Cancer Research Fund International, pas moins de 40% des cancers pourraient être évités grâce à des mesures de prévention efficaces.
Cette statistique souligne l’importance capitale des politiques de santé publique et des actions de sensibilisation auprès des populations, particulièrement les plus jeunes.
L’importance cruciale de la recherche continue
Pour les scientifiques, comprendre les mécanismes à l’origine de cette hausse des cancers chez les jeunes est une priorité absolue. Yasmine Belkaïd insiste sur ce point:
« La réalité c’est que c’est pour ça qu’on a besoin de recherche de façon continue. Lorsque l’on arrête une pathologie, une autre va émerger. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer avec les cancers. On a besoin de comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de ces cancers pour les prévenir. La meilleure des thérapies, c’est la prévention. Et la prévention, c’est la compréhension des mécanismes ».
Des initiatives concrètes en France
Face à l’urgence de la situation, la France a récemment pris des mesures importantes. Un registre national des cancers a été voté, sa gestion étant confiée à l’Institut national du cancer. Cette initiative permettra un meilleur suivi épidémiologique et une compréhension plus fine de l’évolution des différents types de cancers sur le territoire.
Parallèlement, l’Institut Pasteur a lancé le Pasteurdon, une campagne de collecte de fonds destinée à soutenir la recherche dans ce domaine crucial de la santé publique.
Cette mobilisation générale, tant au niveau institutionnel que citoyen, témoigne de la prise de conscience collective face à ce qui pourrait constituer l’un des défis sanitaires majeurs des prochaines décennies.


