Dans les foyers français, il est le remède universel contre la douleur et la fièvre. Présent dans presque toutes les armoires à pharmacie, ce médicament considéré comme inoffensif fait l’objet d’une consommation massive dans l’Hexagone. Pourtant, une étude scientifique récente soulève des inquiétudes concernant son usage régulier, particulièrement chez les personnes âgées.
Un antidouleur omniprésent dans le quotidien des Français
Avec plus de 415 millions de boîtes délivrées en une seule année, le paracétamol est devenu un pilier de l’automédication en France. Environ 43 millions de Français l’utilisent régulièrement, faisant de notre pays le plus grand consommateur européen de cette molécule selon les données de Statista.
Commercialisé sous différentes marques comme Doliprane©, Dafalgan© ou Efferalgan©, l’acétaminophène (autre nom du paracétamol) bénéficie d’une réputation de sécurité qui semble aujourd’hui remise en question par la communauté scientifique.
Une recherche approfondie sur les risques méconnus
Une étude publiée dans la revue « Arthritis Care & Research » vient bouleverser nos certitudes sur ce médicament. Les chercheurs se sont penchés sur une question cruciale : quels sont les effets à long terme du paracétamol chez les seniors ?
Méthodologie rigoureuse sur deux décennies
Pour répondre à cette interrogation, les scientifiques ont analysé un échantillon considérable sur une période exceptionnellement longue :
– Plus de 180 000 personnes consommant régulièrement du
paracétamol
– Un groupe témoin de plus de 400 000 non-utilisateurs
– Une période d’observation s’étendant sur 20 ans (1998-2018)
Les chercheurs précisent que « l’objectif principal était d’examiner la sécurité de [cet] acétaminophène oral à sa dose thérapeutique chez les adultes âgés de 65 ans et plus ».
Des résultats préoccupants pour les seniors
Les conclusions de cette vaste étude sont alarmantes. Les personnes âgées de plus de 65 ans prenant régulièrement du paracétamol présentent un risque accru de 20% de développer une maladie rénale chronique comparativement à celles qui n’en consomment pas.
De plus, le groupe exposé au traitement montrait « un risque accru de perforation, d’ulcération ou de saignement, d’ulcères gastroduodénaux, de saignement gastro-intestinal, d’insuffisance cardiaque et d’hypertension ».
L’effet dose-réponse : plus on en prend, plus le risque augmente
Un aspect particulièrement inquiétant de cette étude réside dans la mise en évidence d’une relation dose-réponse. En termes simples, plus la consommation de paracétamol est importante et régulière, plus le risque pour la santé rénale s’élève.
Cette découverte contredit l’image d’innocuité associée à ce médicament. Comme le soulignent les scientifiques : « Malgré son innocuité apparente, le paracétamol est associé à plusieurs complications graves ».
Repenser l’usage du paracétamol chez les personnes âgées
Face à ces résultats, les chercheurs recommandent la prudence : « Son utilisation comme analgésique oral de première intention pour les affections chroniques chez les personnes âgées doit être soigneusement réévaluée ».
Les recommandations de l’ANSM pour un usage sécurisé
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament rappelle les principes essentiels pour un usage raisonné du paracétamol :
– Prendre la dose la plus faible possible
– Limiter la durée du traitement au strict nécessaire
– Respecter un intervalle d’au moins 4 à 6 heures entre les
prises
– Ne jamais dépasser la dose maximale journalière
recommandée
Pour tout traitement prolongé, il est fortement conseillé de consulter un médecin ou un pharmacien, particulièrement pour les personnes de plus de 65 ans qui présentent des risques accrus de complications.


