ls se cachent dans les hôpitaux, dans les élevages, et même parfois dans nos assiettes. Invisibles, silencieuses, mais redoutablement efficaces, certaines bactéries sont en train de gagner un combat que la médecine pensait avoir remporté depuis longtemps.
En Europe, les autorités sanitaires observent avec inquiétude l’essor fulgurant de ces microbes devenus insensibles aux antibiotiques les plus puissants. Une menace qui ne concerne plus seulement les établissements de santé, mais qui s’infiltre désormais partout.
Une menace qui s’infiltre partout
L’alerte est venue d’un organisme de référence : le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC). Dans un rapport glaçant, l’agence tire la sonnette d’alarme sur un phénomène qui prend de l’ampleur à une vitesse inquiétante.
Des bactéries ultra-résistantes, insensibles aux traitements les plus puissants — les carbapénèmes — se propagent dans les hôpitaux européens. En première ligne : des agents pathogènes redoutés comme Escherichia coli ou Klebsiella pneumoniae, responsables de pneumonies, de septicémies ou d’infections graves.
Entre 2019 et 2023, les cas d’infections sanguines provoquées par K. pneumoniae résistante ont bondi de 57 % dans 23 pays de l’Union européenne. Une évolution jugée « liée à une mortalité élevée » par l’ECDC.
Les hôpitaux ne sont plus les seuls en danger
Ce qui aggrave la situation ? Ces bactéries n’appartiennent plus uniquement à l’univers hospitalier.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) révèle désormais leur présence dans l’élevage et l’industrie alimentaire. Des souches identiques ont été retrouvées chez les humains… mais aussi chez les animaux d’élevage, notamment les porcs et les bovins, entre 2021 et 2023.
Une possible transmission des bactéries entre les espèces est aujourd’hui suspectée. Ce franchissement des barrières inter-espèces pourrait rendre leur éradication encore plus complexe.
L’usage des antibiotiques au cœur du problème
En toile de fond, c’est bien la surconsommation d’antibiotiques qui est pointée du doigt. À force de prescriptions abusives, parfois inutiles, les bactéries ont développé des stratégies de défense de plus en plus sophistiquées.
Face à cette course contre la montre, l’ECDC lance un appel clair aux États membres : renforcer les mesures de contrôle, limiter les prescriptions, surveiller les élevages.
Un message adressé aussi à chacun d’entre nous : les antibiotiques ne doivent être pris que sur prescription médicale, et en respectant scrupuleusement les doses et durées indiquées.
Car demain, dans un monde où les bactéries résistent à tout, c’est la médecine elle-même qui pourrait perdre son arme la plus précieuse.