Une étude récente de l’Inserm, publiée dans Molecular Psychiatry, met en lumière le rôle des ruminations mentales dans l’apparition de troubles psychiatriques chez les jeunes adultes. Ces pensées répétitives, souvent amplifiées par le stress et la solitude, peuvent devenir envahissantes et affecter la santé mentale.
Qu’est-ce que les ruminations ?
Repérer et comprendre les ruminations mentales est essentiel pour prévenir leur impact sur la santé mentale, selon une étude récente de chercheurs français de l’Inserm publiée dans Molecular Psychiatry. En identifiant les réseaux cérébraux associés à ces pensées envahissantes, les chercheurs établissent un lien entre ces ruminations et certains troubles psychiatriques chez les jeunes adultes.
La santé mentale des jeunes est devenue une préoccupation majeure, désignée comme cause nationale pour 2025. En effet, un sondage IFOP révèle qu’en 2023, 63 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans se sentaient seuls. Ce groupe traverse une période difficile, souvent marquée par l’entrée dans le monde du travail. Marine Starostka, psychologue clinicienne et responsable du Fil Santé Jeunes, souligne que le climat politique et social anxiogène ainsi que le manque d’accès aux soins aggrave ce sentiment de solitude, ouvrant ainsi la voie aux ruminations.
Selon la psychologue, « ruminer, c’est comme lancer un hamster dans une roue ; ça tourne de plus en plus vite sans pouvoir s’arrêter ». Ces pensées répétitives, qui peuvent survenir à la suite de situations stressantes comme une rupture, sont des mécanismes de défense naturels. Jean-Luc Martinot, directeur de recherche à l’Inserm, explique que ces ruminations peuvent devenir envahissantes, notamment lorsqu’une personne « ne parvient pas à prendre du recul.
Différents types de ruminations
Certaines, dites « réflexives », sont normales, mais peuvent évoluer vers des pensées plus négatives, qualifiées de « soucieuses » ou même « dépressives ». Ces dernières, souvent présentes chez les jeunes adultes, se traduisent par des pensées sombres concernant leur situation ou leur avenir. Jean-Luc Martinot avertit que l’entrée dans l’âge adulte est particulièrement risquée, car les ruminations peuvent préfigurer des troubles psychiatriques.
L’étude de l’Inserm examine l’activité cérébrale de 595 jeunes, révélant des connexions entre les ruminations et divers symptômes psychologiques. Les chercheurs notent une évolution entre 18 et 22 ans, où certains jeunes montrent une diminution des ruminations négatives au profit de ruminations plus constructives, tandis que d’autres voient leurs ruminations s’aggraver.
La prévention est donc cruciale. « Plus les jeunes sont pris en charge tôt, mieux c’est », insiste Jean-Luc Martinot. Le Fil Santé Jeunes, qui offre une écoute et des conseils aux jeunes, est un des dispositifs mis en avant, bien que les experts estiment que davantage de ressources devraient être allouées à la médecine préventive. Les chercheurs encouragent aussi à sensibiliser les adolescents sur la gestion de leurs ruminations pour les aider à les détecter et à agir rapidement.