Les symptômes et l’évolution d’un corps étranger trachéobronchique (situé dans la trachée ou dans une bronche) sont différents. Certes, la symptomatologie initiale est alarmante, très particulière, stéréotypée, quasi pathognomonique.
Mais, bien souvent, l’épisode aigu inaugural a été méconnu ou oublié; le diagnostic peut être difficile, fonction des données des questions, de l’examen clinique et de la radiographie.
Ainsi, il faut toujours évoquer la possibilité d’un corps étranger devant une symptomatologie broncho-pulmonaire aigue, récidivante, surtout si elle reste localisée à un même territoire (segment, lobe ou poumon entier).
Diagnostic
Le diagnostic d’un corps étranger trachéobronchique repose sur la notion d’un syndrome de pénétration. Élément fondamental, donnée de l’interrogatoire, le syndrome de pénétration est un accès de suffocation brutal, inopiné et spontanément résolutif survenant chez un enfant en bonne santé. Par ailleurs, il reste associé à des quintes de toux violentes, expulsives, angoissantes avec tirage. Aussi, il est en règle générale diurne. Ce syndrome très fugace (quelques minutes) est caractéristique de l’inhalation d’un corps étranger dans les voies aériennes inférieures. En effet, il impose à lui seul un examen endoscopique dans les meilleurs délais.
Évolution
Après ce tableau aigu initial, deux éventualités sont possibles :
- Le corps étranger reste mobile, se déplaçant dans la trachée et/ou d’une bronche à l’autre :
- les signes fonctionnels persistent : épisodes de dyspnée (trouble respiratoire) trachéale intermittents, quintes de toux expulsives ou toux spasmodique;
- l’auscultation pulmonaire est caractéristique si elle révèle le classique «bruit de drapeau qui correspond au va-et-vient du corps étranger;
- le risque d’un corps étranger mobile est double : aggravation brutale lors de la mobilisation de l’enfant; mort subite en cas d’enclavement laryngé (région sous-glottique) ou trachéal (carène);
Le tableau clinique est soit celui d’une obstruction bronchique aiguë, soit celui d’un accident infectieux chronique du poumon.
A l’examen clinique, on recherche :
- Une diminution ou une abolition du murmure vésiculaire;
- Des raies bronchiques en foyer systématisé;
- Une matité.
L’examen radiographique classique est normal; il est très utile alors de faire réaliser un cliché comparatif en inspiration et expiration de face pour mettre en évidence le trouble de ventilation.
Traitement
Toute notion ou surtout suspicion de syndrome de pénétration impose donc un examen endoscopique.
L’endoscopie trachéo-bronchique pour extraction d’un corps étranger requiert alors:
- Une anesthésie générale adaptée (immobilité parfaite, donc une collaboration étroite entre anesthésiste et opérateur) ;
- Un matériel d’endoscopie rigide ou souple et une instrumentation d’extraction complète adaptée à tout âge, et la possibilité d’une trachéotomie immédiate.
Elle doit donc être réalisée au bloc opératoire !
L’opérateur rompu aux techniques d’endoscopie peut ainsi repérer :
- Le siège du corps étranger;
- Sa nature (végétale ou autre, acérée ou non);
- Le nombre de corps étrangers.
Le corps étranger reste désenclavé puis extrait avec prudence sous contrôle permanent de la vue.
Un contrôle endoscopique est impératif immédiatement après l’extraction. En effet, cette extraction demeure toujours difficile si elle est tardive ou répétée (corps étrangers multiples) du fait de l’œdème réactionnel et de la suppuration dus au corps étranger.
Le traitement médical après extraction combat :
- L’œdème local ou pharyngé par les corticoïdes ;
- La suppuration par antibiothérapie, soit systématique, fonction du type du corps étranger (végétal), soit guidée par le germe mis en évidence dans le prélèvement bronchique;
- L’humidification par des aérosols.
Les complications de l’extraction sont exceptionnelles :
- Médiastinites ;
- Pneumo médiastin : surtout par rupture alvéolaire liée à l’hyperpression endobronchique.
L’échec de l’extraction endoscopique demeure rarissime. Il impose alors le recours à la thoracotomie.
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