Définition du deuil
Le processus de deuil correspond aux réactions émotionnelles, cognitives, comportementales, et socioculturelles, face à la perte par la mort d’une personne proche à laquelle on était significativement attachée. En effet, il fait partie de la trajectoire de vie de chacun. Et correspond à une réaction normale pour la majorité des personnes.
Le deuil ne se résume pas à une simple douleur morale. Ainsi, c’est un processus dont l’évolution vers un apaisement et une réorganisation est indispensable pour traverser la difficulté existentielle et éviter une complication vers un deuil complexe persistant ou un épisode dépressif.
Les trois phases du processus de deuil
Il est classique de distinguer 3 phases dans le processus de deuil. Elle ne se succèdent donc pas forcément :
- la phase du choc de la perte avec, souvent, un état où le patient demeure abattu.
- l’état émotionnel douloureux relié à l’état de manque du défunt. Une tristesse reste observée, une angoisse, possiblement d’autres sentiments tel que la colère, le désespoir, la culpabilité;
- la réorganisation avec acceptation de la réalité de perte et adaptation à une vie quotidienne sans la présence du défunt.
Les conséquences du Processus de Deuil
Le deuil constitue un évènement de vie douloureux. Le deuil est un facteur de stress qui expose à des modifications biologiques, psychologiques et sociales.
Sur le plan psychologique : le deuil se manifeste par de fortes réactions émotionnelles qui peuvent se mélanger :
- tristesse ,
- angoisse,
- colère,
- désespoir ,
Dans un premier temps, cet état de choc envahissant est constant, puis assez rapidement il devient fluctuant. Et s’entremêle donc avec des émotions qui redeviennent progressivement positives. La capacité à se concentrer sur les aspects positifs de la vie du défunt est d’ailleurs une stratégie protectrice dans le deuil.
Le processus du deuil consiste aussi à intégrer progressivement le caractère effectif et irréversible de la mort de la personne.
- Sur le plan social :
L qualité du soutien familial et social influence le processus de deuil (parle biais des rituels en particulier). La perte d’un proche peut parfois entraîner des changements dans les relations socio-affectives. Notamment, l’exacerbation de conflits, à l’apaisement de blessures anciennes.
Les complications du Processus de Deuil
Malgré la souffrance du deuil, la plupart des personnes s’adaptent à la perte et à l’état de manque du défunt. Et continue ainsi à vivre de façon satisfaisante. Le deuil normal dure en moyenne 2 à 3 mois. Toutefois, il peut augmenter en fonction de l’attachement de la personne envers le défunt.
Pour un certain nombre de personnes néanmoins, le deuil peut se compliquer. On a souvent un trouble psychiatrique, notamment un épisode dépressif caractérisé. Il peut donc survenir pendant la période du deuil, et associé à un risque suicidaire.
Le deuil complexe
Au moins 1 symptôme parmi les 4 suivants :
- Fort désir/besoin persistant concernant le défunt,
- Peine intense et douleur émotionnelle en réponse à la mort,
- Préoccupation à propos du défunt,
- Préoccupation à propos des circonstances du décès et au moins 6 symptômes parmi les 12 suivants :
- Difficulté marquée à accepter le décès,
- Incrédulité ou torpeur émotionnelle à propos de la perte,
- Difficultés caus.es par le rappel de souvenirs positifs concernant le défunt,
- Amertume ou colère en lien avec la perte,
- Evaluation inadaptée de soi-même par rapport au défunt ou son décès
- Désir de mourir afin d’être avec le défunt,
- Difficultés à faire confiance à d’autres individus depuis le décès,
- Sentiment de solitude,
- Sentiment que la vie n’a plus de sens ou est vide de sens sans le défunt, ou la croyance que l’on ne peut pas fonctionner sans le défunt,
- Confusion au sujet de son rôle dans la vie, ou sentiment de perte d’une partie de son identité
La personne peut également développer des addictions.
L’objectif des soignants est d’accompagner la personne par
- une écoute empathique et une psychothérapie de soutien.
- Identifier et expliquer le processus normal du deuil.
- Expliquer que cela dure un certain temps, mais que l’évolution se fait vers une réorganisation.
- Insister sur l’importance de partager sa souffrance avec sa famille et ses amis.
Prise en charge des complications du deuil
Dans le deuil complexe persistant, les personnes ont des difficultés prolongées à accepter la mort. Et restent ainsi envahies par des pensées et des souvenirs du défunt. Dans ce cas, les antidépresseurs sont peu efficaces. Alors que les psychothérapies ciblées sur le deuil pathologique facilitent l’évolution du processus.
Les psychothérapies de type thérapie comportementale et cognitive se sont révélées efficaces. Il faudra donc savoir orienter vers une prise en charge spécialisée.
Dans le deuil, la prescription d’un antidépresseur reste indiquée. Notamment, en cas de symptômes sévères et invalidants, plutôt de type ISRS en première intention. A noter que les antidépresseurs n’entravent pas le processus du deuil.
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