La schizophrénie, décrite au début du XXe siècle, est une maladie fréquente et sévère. Cette maladie reste actuellement classée par l’OMS parmi les dix maladies qui entrainent le plus d’invalidité en particulier chez les sujets jeunes. En effet, elle fait partie des troubles psychotiques chroniques qui se caractérisent par une altération du contact avec la réalité.
La physiopathologie de la schizophrénie ne reste pas entièrement élucidée. Mais résulte de l’interaction entre des facteurs de vulnérabilité génétiques et des facteurs environnementaux. Aussi, l’hypothèse d’un trouble du neurodéveloppement, qui prévaut aujourd’hui, postule que la schizophrénie est la conséquence retardée d’anomalies du neurodéveloppement. Débutant ainsi des années avant le début de la maladie.
EPIDEMIOLOGIE : Schizophrénie
La prévalence de la schizophrénie est d’environ 0,6-1 %. Son incidence a donc été estimée à 15 nouveaux cas pour 100 000 personnes et par an entre 1965 et 2001. La fréquence de la schizophrénie a longtemps été considérée comme invariable selon les lieux et les populations. Mais cette fréquence dépend en fait de l’exposition à certains facteurs environnementaux comme la consommation de cannabis, la migration ou encore l’urbanisation.
La maladie débute classiquement à la fin de l’adolescence ou chez l’adulte jeune entre 15 et 25 ans. L’âge de début est généralement plus tardif chez la femme par rapport à l’homme d’environ 5 ans.
CLINIQUE
L’émergence des symptômes schizophréniques est généralement précédée par des altérations cognitives et des symptômes prodromiques non spécifiques. Pouvant ainsi être présents 2 à 5 ans avant l’émergence du trouble.
Chez certains patients, la schizophrénie apparait après un parcours de difficultés d’apprentissage et aussi de développement. De plus, le sex-ratio reste assez équilibré, même s’il existe une légère prédominance chez les hommes (x 1,4).
Les principaux facteurs de risques sont donc de nature génétique ou urbanisation.
Le diagnostic de schizophrénie est clinique. Il faut que les critères suivants demeurent remplis avec l’association d’au moins deux syndromes présents dans une proportion significative de temps au cours d’une période d’un mois parmi les suivants :
- des idées délirantes ou hallucinations,
- une désorganisation dans l’état d’esprit du patient,
- une incapacité pour le patient de critiquer son délire,
- des répercussions fonctionnelles sociales ou professionnelles depuis le début des troubles.
Des examens complémentaires permettent d’éliminer un diagnostic différentiel. Il s’agit d’un bilan biologique standard, d’une recherche de toxiques urinaires et d’une imagerie cérébrale (au mieux une IRM) particulièrement en cas de signe d’appel ou de manifestations atypiques.
D’autres examens peuvent être utiles. Le bilan demeurera orienté selon la clinique et les antécédents du patient, en particulier en cas de début très brutal : une note confusionnelle, un déclin cognitif, une résistance aux traitements appellent à réaliser un bilan plus poussé.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES Schizophrénie
La schizophrénie commence dans environ 1 cas sur 2 par un épisode psychotique aigu. On constate souvent des signes quelques jours voire quelques semaines avant l’épisode:
- sentiment de malaise,
- fatigue,
- difficultés de concentration,
- angoisses,
- sentiment de déréalisation ou de dépersonnalisation
- parfois des idées suicidaires.
Des évènements stressants peuvent précéder l’épisode : rupture sentimentale, examen, problème de santé, consommation de cannabis…
Au niveau clinique, le début de la pathologie se développe sous la forme de troubles de l’humeur
Plutôt atypiques : c’est-à-dire associés à des bizarreries, des préoccupations à thème sexuel ou hypocondriaque, des hallucinations, des stéréotypies.
L’évolution reste généralement chronique, marquée par des épisodes psychotiques plus ou moins espacés avec des intervalles plus ou moins symptomatiques. Le déficit est variable, et se stabilise généralement après 2 à 5 ans d’évolution. Il reste important de garder à l’esprit que le premier épisode ou les rechutes sont favorisés par les facteurs de stress (drogues, ruptures, deuil…).
Le taux de suicide est un des problèmes majeurs de santé publique. Cependant, grâce aux progrès réalisés au niveau pharmacologique dans 25 % des cas d’obtenir une rémission complète voire une guérison de cette maladie. Et dans une majorité des cas de conserver une qualité de vie globalement satisfaisante même si 50 à 75 % des patients ne retrouvent pas leur niveau de fonctionnement antérieur.
TRAITEMENT : schizophrénie
L’hospitalisation (en urgence ou non, dans un service de psychiatrie) se justifie dansplusieurs situations :
- épisode aigu avec troubles du comportement,
- risque suicidaire ou de mise en danger,
- risque agressif envers la population.
Au mieux, il s’agira d’une hospitalisation libre. Aussi, dans certaines situations si le patient refuse, si sa capacité à donner son consentement demeure trop altérée, l’hospitalisation se donnera sans consentement.
A niveau pharmacologique
Le traitement antipsychotique doit rester initié ou alors modifié rapidement.
En cas d’anxiété ou d’agitation modérée, deux possibilités de molécules anxiolytiques et sédatives s’offrent ainsi au thérapeute :
- les antipsychotiques : loxapine, cyamémazine,
- les benzodiazépines ex. : diazépam, oxazépam pendant une durée limitée ont fait preuve de leur efficacité pour apaiser le patient.
Le choix de l’antipsychotique pour le traitement de fond reste donc fait en fonction de l’efficacité, de la tolérance et de l’observance des traitements déjà reçus.
En première intention ça sera alors :
- amilsulpride (Solian.),
- aripiprazole (Abilify.),
- olanzapine (Zyprexa.),
- quétiapine (Xeroquel.),
- rispéridone
Le traitement restera ainsi conduit durant 2 ans minimum après un premier épisode. En cas de récidive, il restera pris à vie.
Il existe des traitements non pharmacologiques :
- les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont pour objectif de réduire les symptômes persistants en dépit d’un traitement antipsychotique bien conduit
- l’éducation thérapeutique. Elle vise à transmettre au patient, et éventuellement à sa famille, un certain niveau de compréhension et de maîtrise de ses troubles. L’éducation thérapeutique permet donc de réduire les rechutes.
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